Le 26 novembre, s'est tenue la première réunion à Marseille de tous les chercheurs et enseignants-chercheurs travaillant sur l'informatique quantique et les technologies quantiques. Cette initiative, parrainée par l'Instituto Archimede et l'INS2I, a dépassé de loin les attentes. Il y a seulement cinq ans, lorsque j'ai été recruté, Aix-Marseille avait très peu de projets quantiques. Les centres de recherche les plus importants dans ce domaine étaient situés à Paris et à Grenoble. Aujourd'hui, Aix-Marseille Université accueille une large communauté de chercheurs, permanents et non permanents, allant de l'algorithmique quantique aux nouveaux matériaux topologiques, de la cryptographie post-quantique à l'apprentissage automatique quantique. Vendredi dernier, l'amphi du CIRM était plein le matin, beaucoup de doctorants (j'ai même pu voir quelques étudiants en Master !). Notre laboratoire, le plus présent en termes d'effectifs, compte aujourd'hui 4 permanents (Pierre Clairembault en sémantique quantique, Francesca Chittaro en théorie du contrôle quantique, Hachem Kadri en apprentissage automatique quantique et le soussigné en modèles et algorithmes de calcul naturel quantique). Et puis encore parmi les étudiants présents pour représenter notre laboratoire, Casale Balthazar, Nathanael Eon, Katerina Verzhanska et Mathieu Roget.
La première partie de la journée a été très intéressante, nous avons eu une série de présentations au cours desquelles chacun avait dix minutes pour parler de ses projets de recherche. Toutes les personnes présentes ont été très satisfaites de l'organisation et de cette première phase, qui a permis à beaucoup de se rencontrer sur des thèmes communs, d'avoir des points de vue très différents mais complémentaires sur un même sujet. Cette phase a certainement stimulé des rencontres et une coopération scientifique comme nous avons rarement l'occasion d'en voir.
La deuxième phase pourrait être identifiée comme la plus politique. Présent : Denis Bertin (VP AMU et AMIDEX), Pierre Muller (AmuTech), Emmanuel Godard (Archimedes), Jean Michelle Torrez (IBM Quantum). Nous avons parlé de technologies et de politiques nationales et locales, mais nous avons surtout exigé une stratégie pour AMU. En tout cas, après vendredi, nous sommes sûrs que Marseille a une communauté croissante de "quanticiens", beaucoup d'idées et que les étudiants ont un intérêt croissant pour ce qui semble être la prochaine révolution scientifique et technologique. Ce dont nous ne sommes pas sûrs, c'est de la réponse que donnera AMU. Denis Bertin nous a sans doute écoutés et a promis de construire les solutions adéquates avec nous tous, Archimede et Amutech, via AMIDEX et AMU. Mais ce que les présents ont surtout souhaité, c'est une table ronde au niveau régional, avec Isabelle Philip de Montpellier (porte-parole de l'opération "grand sud sur le quantique"), l'INRIA Nice et la Région. Marseille, qui manque d'un véritable tissu industriel et technologique, a une grande vocation interdisciplinaire et des chercheurs et chercheuse de premier plan. Peut-on vraiment espérer que Marseille sorte de sa dimension provinciale et contribue à la création d'une véritable "initiative d'excellence” ?
plus d'info ici
Giuseppe Di Molfetta (MCF, LIS, AMU)