En raison d'un trafic maritime intense, la Méditerranée est l'une des mers au monde qui subit le plus de perturbations acoustiques. Cette pollution sonore a pratiquement disparu pendant le confinement. D'où l'idée d'aller étudier la faune sous-marine et l'impact des bruits produits par l’humain.
- En collaboration avec Seaproven, la plateforme technologique SMIoT et dans le cadre du pôle INPS de l’UTLN, Hervé Glotin et son équipe pilotent la mission « Silence de la mer ». Elle vise à caractériser le milieu marin, à mesurer le comportement en 3D et la densité de présence de plusieurs espèces de cétacés aux alentours des côtes pendant et après le confinement. L'expédition doit permettre de connaître plus précisément l’impact anthropophonique sur l’éloignement des populations des côtes.
- La première phase de cette mission a permis de remonter un siècle en arrière, d'enregistrer les paysages acoustiques que nos grands-parents pouvaient entendre, mais qui sont usuellement masqués par les bruits industriels.
- En comparant des enregistrements acoustiques réalisés avant le confinement et ceux d’aujourd’hui, la mission tente d'observer les évolutions. Dans cette mer calme, les animaux arrivent à communiquer sur de plus longues distances, peut-être le double ou le quadruple d'avant le confinement. Ces changements drastiques pourraient changer certains de leurs comportements. Par exemple, la distance entre les individus pourrait augmenter pendant des séquences de chasse, permettant de couvrir une plus large zone, mais également de repérer les proies plus facilement. La communication entre les groupes éloignés est facilitée, favorisant les liens sociaux.
- « Nous observons ainsi des animaux moins stressés qui reprennent leurs droits » souligne Hervé Glotin. « Dès le premier jour de la mission, nous avons observé un groupe de grands dauphins (12 à 15 individus, dont 3 petits) dans la rade de Hyères. Ces animaux apaisés ont nagé pendant près de 30 minutes autour des navires de la mission. Une rencontre en groupe et sur plusieurs heures est assez rare. Il s'agit d'un comportement inhabituel, peut-être la norme dans une mer sans activité humaine. Le trafic maritime est proche de celui d’avant-guerre ! Les cétacés devraient se rapprocher des côtes qu’ils fuient depuis 20 ans. Cette mer silencieuse permet de réaliser des expériences idéales, protocoles scientifiques dans une piscine de 100 km² et 2 km de profondeur avec un unique émetteur : un cargo au loin. Dès lors nous pouvons rendre compte de sa pollution acoustique ».
- Une mer également moins polluée par les rejets des bateaux, surtout à proximité des lieux touristiques et des grandes routes commerciales. De nombreuses analyses chimiques ont été réalisées pour le confirmer.
Liens dans les médias :
- https://www.liberation.fr/terre/2020/06/01/le-confinement-des-hommes-a-ete-benefique-aux-animaux-sous-marins_1789944
- https://www.caminteresse.fr/environnement/confinement-le-silence-a-permis-le-retour-des-animaux-marins-sur-le-littoral-mediterraneen-11140183/
- http://www.univ-tln.fr/Covid-19-la-megafaune-sous-marine-retrouve-son-espace-vital.html